L’HERMETISME EGYPTIEN MISRAIMITE


A la Gloire du Grand Architecte des Mondes,

Vénérable Maître et vous tous mes Sœurs et mes Frères en vos Grades et Qualités.

 

 

Hermétiques, égyptiens et Misraïmites. Les rites qui nous rassemblent en ces lieux ont effectivement ces trois vocations. Celle d’être Hermétique, c’est-à-dire difficilement perceptibles à des non-initiés; Egyptiens, parce qu’ils illustrent la présence de l’ancestral thème des mystères de l’Egypte antique ; Et Misraïmites pour leurs différences et leur complémentarités, à savoir celles de Misraïm, de Memphis et de Memphis-Misraïm.

Il faut reconnaître que ceux-ci sont tous incontestablement issus d’un rite Primitif structuré en 90 degré, enrichis de diverses filiations ésotériques et gnostiques, nourris de références alchimiques, occultistes et égyptiennes. Au tout début du 18e siècle, dans le Sud de l’Italie et notamment en Sicile, un certain nombre de Loges y travaillaient déjà hors de la vue de l’église et de sa Sainte Inquisition. L'Egypte et Malte étaient des creusets bouillonnants d’activités hermétiques où s’y rencontraient les religions, les alchimistes, les kabbalistes et notamment, quelques traditions ésotériques venues d’Orient.

C’est à Naples, en 1728, dans l’une de ces Loges atypiques qui se passionnait pour les traditions héritées de l’Antiquité, et pour cette vision de l’Egypte tournée vers l’initiation et ses mystères, que nous avons trouvé les premières traces d’un rite Misraïmite. Ce Rite attirait de nombreux adeptes, et notamment les Francs-maçons de hauts grades philosophiques, souhaitant orienter leurs spiritualité vers de plus anciennes traditions.

D’une façon générale, l’hermétisme se définit comme un ensemble pluraliste de doctrines ésotériques parfois difficiles à appréhender pour des non-initiés. Synonyme de mystérieux, d’énigmatique et de conceptuel, ses adeptes sont des cherchants en toutes sciences humaines.

Pour les Francs-maçons que nous sommes, l’hermétisme serait dans un premier temps, une recherche approfondie de l’esprit des symboles que nous utilisons. La révélation du sens caché des mots (la langue des oiseaux), des lieux (la Loge), de son architecture, des outils utilisés, des formes et des idées reçues. Ce premier pas franchi, la Franc-maçonnerie propose à ses adeptes une étude introspective des sciences occultes (c’est-à-dire occultées par ignorance) et enseignées par initiations (hier dans les écoles de mystères, aujourd’hui dans les universités).

L’hermétisme Misraïmite tel qu’on le conçoit aujourd’hui, est une doctrine issue de l’Égypte et désignée sous les noms d’art hermétique ou d’art sacré. Elle tire son origine de nombreux ouvrages consacrés aux Dieux gréco-égyptiens Thot et Hermès. C’est une philosophie, une religion, un ésotérisme voire une spiritualité gnostique, où le salut passe par la connaissance analogique du cosmos. Fondée sur la recherche intérieure, elle peut être comprise comme un culte où il n’y a pas de révélation, mais où il s’agit de chercher la vérité à l’intérieur de soi. Généralement synonyme d’Alchimie, (la Chimie des Dieux) cette doctrine n’est en réalité que l’une des disciplines de la science hermétique Misraïmite (1).

Hermès Trismégiste (le trois fois grand), dieu du savoir et de la connaissance cachée, fut donc identifié au dieu Thot par les Grecs. Tous deux conduisent les morts, ont inventé l’écriture ainsi que diverses techniques, et considérés comme étant les scribes des dieux. On leur attribue des œuvres mystico-philosophiques tels que le Corpus Hermeticum et les Livres de Thot comprenant des enseignements scientifiques, occultes, médicaux, philosophiques, astronomiques, astrologiques, magiques, alchimiques, tant spirituels qu’opératifs, datant de la nuit des temps.

En Egypte, nous trouvons de très anciens manuscrits (notamment le Papyrus de Westcar) faisant référence aux Livres de Thot, sorte d’encyclopédies des sciences et techniques antédiluviennes dont se serait inspiré le Pharaon Kheops pour l’édification de sa Grande Pyramide, toujours considérée aujourd’hui comme la dernière des 7 Merveilles du monde antique.

Quelques exemples non exhaustifs nous permettront d’appréhender l’hermétisme égyptien, notamment celui proposé à l’étude dans nos Loges.

Selon la légende grecque, énoncée dans la Table d’Emeraude retrouvée dans le Tombeau d’Hermès Trismégiste, une formule allégorique célèbre précisait que « Ce qui est en haut, est comme ce qui est en bas » et réciproquement.

En Egypte, 3000 ans avant notre ère, sous le règne des premières dynasties pharaoniques, tandis qu’en occident nous n’en étions encore qu’à l’âge de la pierre taillée, les habitants de la vallée du Nil avaient déjà observé que les méandres du fleuve nourricier qui traversait leur pays, étaient physiquement comparables à ceux de la voie lactée serpentant au-dessus de leur tête. Ils s’en sont alors inspirés pour faire correspondre leurs villes et leurs édifices sacrés aux différentes constellations visibles dans leur ciel. Ainsi, sous l’ère du Taureau, ont-ils construit leur première capitale, « Memphis » sous la constellation du Taureau avec pour dieu tutélaire le Taureau Apis.

Coïncidence me direz-vous ? Toujours sous l’ère du Taureau, sous la quatrième dynastie pharaonique, Khéops et ses successeurs directs ont édifié leurs pyramides, alignées sur la rive Ouest du Nil, en correspondance avec les 3 étoiles principales de la constellation d’Orion. Sous sa quatrième étoile, plus vive et légèrement décalée vers l’Est ils ont créé le Sphinx. Celui-ci composé d’un corps de Lion et d’une tête humaine, le regard dirigée en direction de la constellation du Lion, symbolisait le gardien des seuils interdits. Les Livres de Thot précisent qu’un déluge se serait abattu sur la terre 10 000 ans avant notre ère, sous l’ère du Lion, et que le Sphinx, relié par des galeries souterraines à la Grande Pyramide symboliserait cette époque où l’humanité aurait disparu sous la surface de la Terre pour renaître en phénix au sommet de la première terre émergées, symbolisée par la pointe de la Grande Pyramide. Ne retrouvons-nous pas cette légende dans toutes les religions du monde ?

Plus tard, 1500 ans avant notre ère, sous l’ère du Bélier, les monarques du Nouvel Empire égyptien ont déplacé leur capitale à Thèbes, sous la constellation du Bélier. Le dieu tutélaire était alors Amon, dit le caché, représenté sous la forme d’un Sphinx criocéphale, c’est-à-dire avec une tête de Bélier.

Vous connaissez la suite, sous l’ère du Poisson on trouve le Christianisme, et aujourd’hui, sous l’ère du Verseau …… les inondations et les feux à n’en plus finir.

L’astronomie, comme l’astrologie, serait l’une des sciences hermétiques de l’Egypte ancienne que nous retrouvons ici, au centre de la Loge, au-dessus du Naos. Pour certains il ne s’agit que d’un vulgaire zodiaque, mais pour ceux qui scientifiquement l’ont conçu, son positionnement indique très précisément le jour de la consécration de ces locaux, le 15 septembre 1998.

La géométrie sacrée, elle aussi peut avoir un sens plus hermétique qu’elle n’y parait. Lorsque le pharaon Khéops eut connaissance des Livres de Thot et qu’il fit édifier sa Grande Pyramide, ce n’était pas d’un tombeau dont il s’agissait, mais de la mise en œuvre d’une véritable Bible de Pierre contenant dans sa démesure, la forme et l’esprit d’une spiritualité solaire intemporelle.

La Lumière de Rê ; décrite par les prêtres égyptiens comme étant l’ombre de Dieu, était la première des manifestations tangibles du principe créateur se manifestant sur la Terre. Témoignant de cette spiritualité solaire, la Grande Pyramide par sa forme en symbolisait le visuel.

- Sa hauteur de 144 mètres suggérait aux initiés la distance séparant la Terre du Soleil (144 millions de kilomètres) :

- Ses proportions réputées divines, étaient secrètement révélées dans les livres de Thot.

- Sa base carrée et rigoureusement orientée sur les points cardinaux avec une très grande précision, évoquait la Terre dans sa globalité.

- Son poids, estimé à presque 6 millions de tonnes pouvait symboliser celui de la Terre, évalué par nos scientifiques géophysiciens d’aujourd’hui à 597 milliard de milliards de tonnes.

- Ses 8 faces symbolisaient les 8 sphères célestes primordiales composant l’ogdoade, (les huit génies qui ont jailli de l’océan primordial ayant précédé l’existence du monde selon les égyptiens) : (Noun et Nounet, l’espace liquide, Hénou et Henet, l’espace infini, Kékou et Kéket, l’obscurité et le quatrième couple, Imen et Imenet (ou Niaou et Niat) l’insaisissable pouvant être Amon, le caché et Amonet),

- L’infini (la lemniscate) voire l’ordre cosmique.

- Et enfin ses salles réparties sur trois niveaux évoquait les trois dimensions spirituelles de l’humanité. Le corps, l’âme et l’esprit.

Au-delà des apparences, l’hermétisme égyptien est présent au centre même de nos Loges. L’esprit de ce témoignage du passé éclaire nos travaux, symbolisé par le fil à plomb descendant de la Voûte Etoilée pour se manifester pyramidalement sur le Pavé Mosaïque où repose notre Naos.

Au rite Oriental de Misraïm, l’Autel triangulaire recevant les trois grands symboles de la Franc-maçonnerie est orienté vers l’Orient, source de la lumière éclairant ses travaux. Dans ses rituels, le Vénérable Maître, entouré de ses deux Assesseurs, s’y rend pour procéder aux invocations d’usage, face à l’Orient, au lieu même où se manifeste l’esprit de sa lumière. Il se trouve alors au centre géographique de la Loge, qui correspond à celui de la Chambre de haute initiation de la Grande Pyramide appelée vulgairement « La Chambre du Roi ».

Nous avons vu que ce qui est en haut est comme ce qui est en bas. Aussi, prolongeant la pointe triangulaire du Naos vers l’Occident, nous rencontrons les plateaux des deux Assesseurs chargés de la mise en œuvre du rituel ainsi que de l’éveil et de l’accompagnement des jeunes maçons. Avec le Vénérable Maître, ils constituent le triangle directeur de la Loge, à laquelle ils impulse une âme et un esprit. Leur positionnement à mi-distance de l’Occident n’est pas sans rappeler celui de la bien nommée « Chambre de la Reine » où règne l’esprit d’Isis, la déesse protectrice de l’Egypte.

Derrière les Assesseurs, à la base du triangle ainsi formé, deux colonnes délimitent l’espace sacré de la Loge. Dans les rites égyptiens, ces colonnes, comparables à celles présentes dans les temples de la Vallée du Nil, étaient de style papyriforme et de couleur rouge du côté Nord, symbolisant la Basse Egypte, et lotiformes de couleur blanche du côté Sud, symbolisant la Haute Egypte. C’est bien plus tard, en 1804, que la maçonnerie écossaise, plus hébraïsante, s’est inspiré de l’architecture du temple de Salomon en conservant leurs couleurs d’origine et en les baptisant Jakin et Boaz signifiant « dans la force, il établira ».

35 mètres sous la surface de la Terre, toujours au centre de la Grande Pyramide, une troisième salle reliée au Sphinx par une longue galerie souterraine évoquait l’accès à la connaissance et à la révélation. C’est pour nous, maçons de la Vieille Egypte, par sa structure inachevée et les divers éléments qui la compose, le modèle équivalent à notre Cabinet de Réflexion.

Aujourd’hui les Livres de Thot et leurs enseignements secrets réservés à de vrais initiés ont été dispersés. La Grande bibliothèque d’Alexandrie fondée en 288 avant notre ère réunissant les ouvrages les plus importants de son histoire n’existe plus. Depuis plus de 5 millénaires, que ce soit sous le joug des Grecs, des Romains ou des Arabes, l’Egypte a toujours conservé ses écoles de mystères dont seules quelques sociétés Copte en conservent encore le souvenir. On retrouve notamment leurs enseignements dans divers courants cabalistiques, basés sur un symbolisme fondamental, et reposant sur des rituels pour créer des ambiances initiatiques comme le font les religions occidentales ou les fraternités dites maçonniques.

Le travail dans les Loges au niveau symbolique permet à chaque étape de sa progression, d’approfondir la signification hermétiquement cachée des éléments qui lui sont proposés. Par exemple, l’ordonnancement des outils qui de degré en degré change de signification pour aboutir à l’Esprit dominant la matière. L’Ouroboros, ce sceau misraïmite mystérieux représentant un serpent se mordant la queue, au centre duquel nombre de symboles sont représentés qui ne s’expliquent et se révèlent que par initiations successives.

L’hermétisme misraïmite concerne l’ensemble des sciences occultes mystérieusement cachées aux profanes, mais qui ne peuvent se découvrir que par un long travail sur soi et nombre d’initiations appropriées. Symboliques, philosophiques, spirituels et mystiques, ses 90 degrés n’enseignent rien à ses adeptes ; ils ne font qu’éveiller et élever progressivement leur conscience sur des sujets qu’ils ont eux-mêmes librement choisis. Ils accompagnent le cherchant dans sa quête d’absolu, contrairement à l’esprit sectaire de certaines sociétés dites éclairées, qui imposent une vérité, …….. la leur.

Les rites égyptiens, et notamment le plus ancien de tous, celui de Misraïm, travaillent à la Gloire du Grand Architecte des Mondes, sous-entendu ceux appartenant à notre galaxie. Ce sont ces mondes que nous avons vocation d’observer et qui peuvent avoir une influence sur notre quotidien comme le Soleil ou la Lune. Le Grand Architecte de l’Univers que nous symbolisons par un point au centre du Delta Lumineux, est encore bien trop abstrait mais toujours présent. « Pour voir loin, il faut y regarder de près » citait notre regretté Frère Pierre Dac. Cette lumière qui illumine les cœurs et que nous venons chercher en Loge, ne peut-on pas la symboliser autrement que par ce qui nous est visible ?

 

J’ai dit Vénérable Maître

 

 

Schéma du temple au Rite Oriental de Misraïm

 

DOCTRINES HERMETIQUES

DU RITE ORIENTAL DE MISRAÏM

 

 

(1) Doctrine ésotérique : qui se transmet seulement à des adeptes qualifiés.

(2) Gnostique : adepte de la philosophie selon laquelle il est possible de connaître les choses divines.

(3) Alchimie :Ensemble de pratiques et de spéculations en rapport avec la transmutation des métaux

(4) Occultisme : ensemble des sciences et des pratiques faisant intervenir des forces non reconnues par la science ou les religions.

(5) Kabbalistes : doctrine trouvant ses sources dans les courants mystiques du judaïsme.

 

Sceau Hermétique du Rite Oriental de Misraïm

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