Les symboles maçonniques

Planche tracée de Robert MINGAM

 

Depuis des temps très anciens, les hommes ont cherché un langage à la fois universel et synthétique, et leurs recherches les ont amenés à découvrir des images, des symboles qui expriment, en les réduisant à l'essentiel, les réalités les plus riches et les plus complexes.

 

Les symboles s'offrent à nous pour nous inciter à réfléchir profondément. Leur rôle est de nous astreindre à rechercher sans relâche ce qu'ils signifient puisqu'aucune formule verbale, à laquelle nous serions tentés de nous arrêter, ne saurait leur être substituée. Ils s'adressent aux penseurs jamais las de penser, aux insatiables de méditation, qui s'efforcent de pénétrer jusqu'aux conceptions génératrices de nos images représentatives.

 

Il faut que l'initié soit descendu jusqu'au centre de sa propre terre pour y connaitre les Dieux.

 

Il suffit de méditer un long moment sur un sujet pour que se cristallise dans notre subconscient une forme symbolique, un objet ou une figure géométrique qui correspond absolument à l'idée, à la pensée, à la vérité qui nous préoccupe.

 

Prenons une graine minuscule, plantons la et un jour elle deviendra un arbre formidable. Dans le passé, les sages, les initiés ont vu que partout dans la nature, dans l'âme, dans les pensées, se déroulait le même processus de développement et ils ont donc condensé, eux aussi, tout un arbre dans une graine. Qu'est ce que cette graine ? C'est un symbole, justement. L'initié le plante dans sa tête, l'arrose souvent et l'arbre ( de la connaissance ) commence à grandir; alors l'initié travaille et se réjouit à l'ombre de cet arbre, il cueille les fruits, garde les graines, les plante ( dans une autre tête parfois ), et tout recommence... Le monde des symboles est celui de la vie.

 

La pensée comme la nature, est régie par deux processus inverses: la condensation et la dilution. Vous pouvez condenser un problème philosophique jusqu'à le réduire à une phrase, à une graine. Et inversement, vous pouvez développer cette phrase, cette graine jusqu'à embraser l'univers entier, et vous avez un arbre.

 

On emploi aujourd'hui le mot symbole pour désigner un peu n'importe quoi. Au sens strict du terme, il est la partie visible d'un iceberg immergé dans sa plus grande partie.

 

Le symbole a un pouvoir parce qu'il est relié directement à la réalité cachée. Les outils du maçon sont le condensé de ce qu'ils savent faire et de ce qu'ils symbolisent. Ce ne sont pas des signes pris au hasard, mais un affleurement découvert par hasard ou par révélation.

 

L'arbre n'est pas la forêt, mais la forêt est trop grande pour être perçue par le promeneur qui se déplace à son orée. L'arbre est une partie visible de la forêt, l'arbre est au sens premier du terme, le symbole de la forêt.

 

On confond, de nos jours, trop aisément un symbole graphique commode (par exemple sur une carte routière ) et un symbole chargé de pouvoir, un symbole arbitraire et un symbole relié. On peut modifier un symbole graphique sans rien changer à l'ordre du monde. On ne peut changer un symbole: il possède une existence indépendante des penseurs, créateurs, artistes ou autres humains doués du pouvoir mental créateur. Un maître occultiste peut créer un symbole: il construit un lien, un pont, entre un être matériel quelconque ( objet, dessin, etc ) et une réalité supérieure. Comme un électricien qui installe une nouvelle prise de courant: chacun peut ensuite brancher l'appareil électrique de son choix; le courant arrive à la prise. La prise est le symbole de l'électricité, elle n'est pas l'électricité mais elle y est reliée.

 

Un lapsus, un ongle rongé nerveusement, une impuissance sexuelle sont des symboles; ils expriment les forces subconscientes à l'œuvre.

Le langage des images n'est pas encore le langage symbolique absolu. Le langage symbolique absolu est celui des figures géométriques. Les figures géométriques sont comme la charpente de la réalité, alors que Las images ont encore, si l'on peut dire, un peu de chair, de peau et de muscles.

 

Le symbole peut donc être un point de départ qui permet de retrouver à nouveau le monde qu'il résume. C'est ce qui explique qu'il existe dans la science ésotérique tant de figures et de pentacles. Pour les initiés ce sont des moyens de retourner à nouveau vers ces régions dont le symbole était le résumé, de se lier à elles et de gouter leur existence.

 

On raconte que lorsque PYTHAGORE voulait éprouver ceux qui désiraient devenir ses disciples, il les mettait dans une pièce avec seulement une petite cruche d'eau et un morceau de pain, et il leur donnait un symbole à déchiffrer: un triangle ou un cercle par exemple. Il savait que celui qui connait les méthodes peut s'élever très haut et voir la correspondance d'un symbole dans le monde des idées.

 

Les symboles sont immuables, mais les interprétations varient, telle est la loi de l'ésotérisme.

 

Ici tout est symbole. Le langage est un code d'articulations symboliques et, naturellement, les œuvres d'art, les spectacles, les signes, constituent un langage dont la culture est le produit. Les Maçons ont une naïve propension à croire qu'ils sont les seuls à manipuler les symboles. Cependant, dans tous les ordres de l'activité de l'esprit, le symbole est le véhicule, l'instrument, le moyen et le point d'ancrage de la spiritualité.

 

J'ai dit